Après une longue journée de bus couchette, de train courte distance (l'équivalent d'un RER D heure de pointe), de car et de taxi, nous arrivons enfin au domaine privé Chacras de Hudson pour notre première expérience de workaway (volontariat).

N'étant pas accessible en transport en commun, le taxi nous dépose devant un grand portail avec une large bâtisse faisant office de bureau de réception puis une grande allée bordée d'arbres avec beaucoup de champs vide tout autour, un peu déconcertant...

Le propriétaire, Horacio aka Hacho vient finalement nous chercher en voiture devant le portail et nous nous rendons jusqu'à sa maison dans sa parcelle de 7ha où il a monté son projet "Tierra Magica" et où nous attendent sa compagne Mery et leur fille de 10 mois, Lena.


C'est un projet d'éco-construction et de permaculture dans lequel nous allons passer 10 jours en tout. Les deux premiers jours se passent avec les propriétaires pour appréhender le lieu et les missions avant que nos hôtes ne nous laissent pour retourner à Buenos Aires. Mery travaille dans une école allemande et a donc l'habitude de parler avec des étrangers, la communication se fait plus facilement. Lui est spécialisé en médecine chinoise et acuponcture, possède des grandes connaissances en éco-construction et en permaculture et a un léger penchant pour le conspirationnisme (qu'on découvrira par la suite). La petite Lena n'attendra pas longtemps pour passer de bras en bras comme si nous la connaissions depuis toujours.

On découvre donc leur maison, une grande bâtisse ronde faite main de terre et de bois avec, un étage pour les lits des volontaires et un grand espace de vie commune avec son four/poile de masse rocket.

Vient ensuite la visite du jardin avec ses centaines d'arbres fruitiers plantés et organisés dans de multiple cercles de toutes tailles sur le terrain que nous allons devoir désherber, pailler et arroser tout au long de la semaine. Il y a également des espaces potagers dans lesquels on aura l'occasion de se servir en oignons, carottes et fèves pendant la semaine ainsi que deux enclos et une marre qui abrite les 4 chèvres, 3 poules et 2 oies. Mery avait déjà préparé un bon gâteau aux pommes et on déguste enfin notre premier maté. La première soirée n'a pas été des plus longues avec la fatigue et on a sombré rapidement ainsi que la petite Lena avec les douces berceuses de Mariana Baggio en tête.

Le lendemain sera notre instruction sur le rythme que nous allons adopter tout le reste de la semaine:

  • ouvrir aux poules et récupérer les oeufs
  • ouvrir les vannes et commencer à arroser les arbres (1h par arbre)
  • sortir les biquettes (Lolo, Lito, R), toute une histoire pour faire un noeud "que no strangula a las cabras".
  • débroussailler le tour des arbres fruitiers ( "un mouton de frutales" )
  • pailler les arbres débroussaillés avec le caca de nos chères biquettes
  • fermer l'enclos de poules qui rentrent seules à la tombée de la nuit
  • rentrer les biquettes pour la nuit
  • faire à manger

Le programme est chargé et il reste quelques détails d'importances pour la suite de la semaine. L'eau vient d'une nappe phréatique sous le terrain et pour pouvoir l'utiliser dans le lieu il faut remplir les réservoirs "tanques" (5000 L) qui se trouvent en haut de la tour à côté de la maison à l'aide d'une grosse pompe "bomba" . Il n'y a également pas d'eau chaude et par soucis d'économie sur le gaz (Le chauffe-eau fonctionne au gaz sur un système de bruleur à faire tourner 50 minutes avant la douche pour une eau... tiède/froide) nous prendrons notre douche qu'une fois tous les (presque) deux jours. . On se "douchera" donc quand nécessaire à la grosse casserole !


Après avoir passé le week-end à 5, on se retrouve donc le restant de la semaine à 2 pour s'occuper des animaux et du jardin (spoiler : tout le monde est vivant et il y en a même un en plus !) avec un frigo et un potager plein de légumes.

Le sentiment de se sentir chez soi est assez agréable. C'est un peu frustrant pour notre apprentissage de l'espagnol argentin qui se résume donc à regarder quelques épisodes de la série "Maradona" (à ne pas confondre avec la chanteuse). On a vite pris goût au maté et c'est donc wikihow qui va être notre premier instructeur pour cette pratique sociale et populaire. Notre rythme est cadencé par l'alarme qui sonne toutes les heures pour nous annoncer le changement des tuyaux "manqueras" sur les différents arbres du terrain. On développe une petite technique en élaborant un plan pour s'y retrouver et identifier plus facilement les arbres déjà arrosés. Les poules nous attendent au matin, nous récupérons les œufs frais (qui finissent rapidement dans nos estomacs) et après le petit déjeuner où les cuillères de "Dulce de Leche" s'enchainent à un rythme effréné c'est autour des chèvres de faire leur sortie. Le bouc Lolo fait son mal alpha à chacune dans nos entrées dans "l'arène" et il faudra être vigilant pour ne pas se prendre un bon coup de corne. On s'y reprend à plusieurs fois pour réaliser le nœud appris au weekend et elles nécessitent toute notre attention durant la journée quand elles arrivent à échapper leur corde du piquet et se jettent sur les feuilles plus vertes des fruitiers fraichement poussées.

A part ça belle vie, on mange les quelques mets délicats laissés par nos hôtes tels que des chorizos, du fromage, des légumes et du "dulce de membrillos" sorte de pâte de coings qui se mange ici avec du "queso".

La semaine passe en un coup de vent avec nos différentes missions et le retour de la famille avec un nouveau volontaire français et des vivres (fromage et chorizo !) arrive finalement vite.


Le week-end c'est aussi le moment des "asado".

Quelle ne fut pas notre surprise quand Horacio nous a demandé d'embarquer dans le coffre de la voiture Lito, une chèvre dont on s'était occupé toute la semaine pour l'échanger contre un mouton que nous allions manger le soir même. On comprend mieux la réponse "Cambio" quand on lui demande pour quelle raison il élève des chèvres.

Nous avons partagé ce repas avec des amis de la famille venus pour l'occasion Mathias, Sol, Andréa et Morwan, notre collègue volontaire.

Le repas fut savoureux et on a aussi assisté à des conversations quelques peu étranges et complotistes sur des personnalités du monde politique et et de la chanson.

Mathias étant professeur de tango, nous avons eu le droit à des démonstrations de tango et des cours de cuadro ! C'est une danse folklorique très dansée ici.

https://historia-arte.com/obras/la-danza-de-matisse


Le séjour s'est terminé avec un concours de coupage de bois avec Morwan, dit buche-man, mais aussi avec une très belle surprise et un peu d'émotion, la naissance d'une petite chevrette durant la nuit, la veille de notre départ.

Chèvre et bouc qui avaient été jusque là dur à tenir étaient très doux et affectueux.


C'est sur ces bonnes ondes que nous avons pris la route en direction de Mar del Plata.